Citations


"Mon père était un homme aux bras musclés, maigre de corps comme ceux du village, aux cheveux frisés, aux mains fendillées et calleuses. Quand il remplissait un questionnaire, en face de la mention profession, il inscrivait : propriétaire, signe d'une victoire encore jeune. " - Le vin bourru - Jean-Claude Carrière

"C'est la garrigue, tant de fois parcourue dans nos courses vagabondes ; la garrigue dénudée et vêtue de lumière, hostile et attachante, avec sa franchise et ses secrets, la garrigue inexorable et tendre. Il faut voir avec quel art elle se pare d'asphodèles mystiques, du voile léger des touffes mauves du thym ou de l'or des genêts. Elle pose un cyprès ou un pin à l'endroit qu'il faut, comme un bijou de coquette ; les saisons ne comptent pas pour elle, elle les méprise avec sa robe verte et grise, toujours neuve, toujours nette, élégante ; elle déteste le patient labeur du vigneron et ses revenus fixés, mais elle aime les fantaisistes, les poètes un peu fous, les bergers taciturnes, les braconniers gaillards et les charbonniers aux bras musclés. Les cultures rémunératrices, les profits sûrs, elle s'en moque ; elle offre tout pour rien ou presque : plantes parfumées, écorces, champignons, escargots, asperges sauvages, à condition qu'on cueille tout cela avec joie et qu'on se contente de peu. Les lézards portent ses couleurs comme de petits pages, les gras perdreaux et les moutons sont ses sujets. C'est une fille maigre et ardente, assez teintée de culture classique pour reconstituer sans effort des paysages grecs ou latins, autoritaire en diable et qui ne vous donnera rien si vous lui demandez trop. " - de Maurice Chauvet : "Terres de prestige", cité dans "Visitons les garrigues, Gard et Ardèche" d'André Bernardy (1969) p9-p10

« Sauvaire, qu'avait connu mon grand-père, avait mis le peu d'argent qu'il avait dans ce petit carré de terre rouge. Il l'avait fermé d'une murette élevée avec les pierres arrachées à son champ. Il y avait planté des oliviers, de la vigne, et des amandiers. Il avait suivi jour par jour, heure par heure,la croissance de son plantier. Pour la pause du repas, il s'était fait un abri creusé dans l'épaisse muraille,où il se mettait quand il pleuvait. Il s'y était fait un siège à l'intérieur avec une dalle, un autre, dehors, bien abrité du vent du nord, bien ensoleillé. Et pour la sièste, en été, la terre était assez douce pour son corps, la terre où il avait mis tant d'amour. De son champ il vit croitre la jeune vigne, il cueillit dans le creux de sa main les premières amandes, celles qui sont comme du lait, et que sur un croûton de pain frais, l'on peut offrir au roi s'il vient à passer sur le chemin. L'automne, avec son vent sans couleur qui charrie la grive et la palombe et gèle la pointe des doigts, lui remplit d'olives son tablier de sac Ô joie,simple orgueil: son champ le nourrissait;de poireaux sauvages, de petits oignons, de roquette et de salade à la buche; et les oiseaux d'hiver, voleurs d'olives, les merles, les grives,les troglodytes et les pinsons tombaient dans ses pièges; et plus d'une fois, un lièvre de loin venu ne repassa plus la murette de Sauvaire. Mais quand il eut achevé sa première vendange, aidé par son voisin, un vieux charretier qui transportait tout l'an des fagots de branchage pour les boulangers de la ville, il ne fit pas de fête, ne prononça pas une parole de plus, mais porta dans le regard, une semaine, une flamme qu'on n'y avait jamais vue. »
Aimé Rouquette le grand- père de Max avait produit 700 hl de vin en 1897 (ce qui en faisait, à cette époque, un vigneron aisé à Argeliès) - extrait de « Vert Paradis » de Max Rouquette écrivain mondialement reconnu dont la langue d'origine est l'occitan, mais traduit dans le monde entier, prosateur , poète,
dramarurge et médecin rural né en 1908 à Argeliès dans les garrigues montpellièraines

"Norine , qui n'avait jamais connu la garrigue,se laissait prendre peu à peu , par sa multiplicité , et la vitalité qui se cachait dans le désert immobile.La garrigue livrait parcimonieusement son charme,qui était, à la fois, chant et sortilège. Norine prit le bébé dans les bras , et monta le long des sentiers, des plages de pierres friables, des gradins naturels, coupés de cades, d'arbousiers, de romarins en fleurs, de thyms et de lavandes, sous la haute protection des yeuses et des pins tourmentés. Arrivée au sommet du bois, tout ce découvrit. Le pays offrait sa nudité à tous les horizons. Les plis des plus proches collines ondulaient jusqu'au Pic Saint Loup. Dans leurs fossettes, se nichait la géométrie des vignes et des olivettes. Plus loin, c'était la chaîne des Cévennes avec l'Aigoual sous la neige, les mont Lozère, et dans une échancrure, un point visible, le Vercors. En se tournant vers le sud, c'était un bouquet de villages à tuiles rondes et clochers à jours,qui conduisait vers les étangs, la mer, dans un éblouissement...." - (Isabelle de la garrigue , Gaston Baissette, médecin écrivain originaire de Montaud)
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