Patrimoine de Brissac : Notre Empreinte

Investigation artistique sur la mémoire des villages. Chapitre 1 : L'arrivée au village



4- L'école



Texte : Le Cri Dévot, d'après La Mastication des Morts de Patrick Kermann
Voix : Le Cri Dévot


L'hiver nous nous retrouvions derrière la cour de l’école pour aller au Mont Aigoual le jeudi après midi, quand Saint Nazaire sonnait deux heures. Les jumeaux portaient leur longue luge double, Guillaume Ronquet une très courte sur laquelle on pouvait tout juste s'asseoir, engoncés que nous étions dans nos épais anoraks unis rouges et malhabiles dans nos bottes en caoutchouc noir.

Nous gagnions la berge de l’étang, entièrement gelé d'une couche que nous supposions épaisse. Puis nous nous élancions, qui sur la luge des jumeaux, qui sur celle de Guillaume, du haut du talus, et de cet élan de la pente, nous traversions le chemin bordant la rive pour, d'un saut, nous retrouver sur le bord de l'étang puis, d'un second saut, dans des cris de terreur et de frissons, plus bas encore, sur la glace prise qui nous imprimait une vitesse et une direction incontrôlées, finissant par freiner du talon des bottes dans un joyeux tournoiement. Ce fut un 17 janvier que la glace céda étrangement sous le faible poids de Jean Blandin qui, pris dans l'eau froide, se noya sous nos regards impuissants. Nous ne retournâmes plus l'hiver au Mont Aigoual.



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