Les eaux superficielles



Auteur : Michel Desbordes
Date : novembre 2013

Le régime des eaux superficielles suit sensiblement celui des précipitations tout en étant amorti, pour les principaux cours d’eau partiellement présents sur le territoire (Hérault, Vidourle, Gard), par les apports souterrains plus réguliers des massifs voisins. Leurs affluents (Lamalou, Buèges pour l’Hérault ; Bénovie, Courme pour le Vidourle ; Seyne, Avène, Alzon, Bourdic pour le Gard) subissant des étiages* d’été sévères, s’assèchent parfois totalement. Il en va de même de nombreux petits fleuves côtiers comme le Lez (et ses affluents, Lirou, Lironde, Mosson et Coulazou), la Vène, le Salaison, la Cadoule, le Bérange, la Viredonne, le Dardaillon, le Vistre, etc. qui prennent naissance sur le territoire.
Les ressources en eau superficielle du territoire des garrigues sont donc très irrégulières dans le temps. De nombreux petits cours d’eau subissent, en été, un tarissement complet. Elles le sont également dans l’espace du fait de la nature géologique des sols du territoire. C’est une des raisons pour laquelle, dès le XIX e siècle, divers projets furent proposés pour réaliser des transferts vers l’ouest de l’eau du Rhône. L’un d’entre eux se concrétisa, à la fin des années 1950, par la création de la Compagnie d’Aménagement du Bas-Rhône Languedoc pour une concession de prise d’eau de 75 m 3 /s représentant un volume potentiel de l’ordre de 2 fois celui des ressources superficielles naturelles utilisables du Languedoc-Roussillon ! Le système de canaux s’arrête aux portes de Montpellier. Un projet, Aqua Domitia, envisage, aujourd’hui, de prolonger l’aménagement vers Béziers et Narbonne.
Au demeurant, sous des pluies intenses, généralement à l’automne, les “oueds” des garrigues peuvent se transformer en torrents destructeurs. Sous des précipitations exceptionnelles, les petits bassins versants de quelques dizaines de km 2 peuvent atteindre des débits spécifiques de 10 à 30 m 3 /s par km 2). De tels débits ne sont cependant pas très rares au sens statistique et leur période de retour en un site donné est probablement inférieure à 100 ans. Leur période de retour dans le territoire est, quant à elle, inférieure à la dizaine d’années. À titre de comparaison, les débits exceptionnels des petits bassins versants sont de l’ordre de deux fois le débit moyen de la Seine à Paris ! Il est donc aisé de comprendre les dégâts qu’ils peuvent occasionner dans les secteurs imprudemment construits dans les champs d’expansion de leurs crues quand ce n’est pas dans leurs lits mineurs !
Les eaux superficielles du territoire des garrigues, mal réparties dans l’espace et le temps, sont, finalement, d’un usage délicat pour les activités humaines et ceci d’autant plus que, selon les années, de 20 à 50 % des volumes annuels disponibles s’écoulent vers la mer en moins d’une vingtaine de jours en raison des caractéristiques géographiques du territoire et de celles des pluies. Les maintiens de débits réservés prévus par les schémas d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE, voir encadré ci-après) et destinés à préserver la biodiversité des milieux aquatiques réduisent d’autant les quantités utilisables pour ces activités. La régulation annuelle, voire inter- annuelle, des apports superficiels pourrait être réalisée par le biais d’ouvrages de stockage comme les barrages. Cependant l’absence de sites favorables liés à la topographie du territoire et les impacts environnementaux dommageables de ces aménagements n’ont pas donné lieu à des réalisations significatives. En dehors du barrage de Moulin Bertrand sur l’Hérault, construit en 1924 pour la production d’électricité (Coopérative de Saint-Martin-de- Londres, Causse-de-la-Selle), seuls quelques ouvrages écrêteurs de crues ont été réalisés sur les bassins du Vidourle et des Gardons.
Au regard des changements climatiques annoncés, les ressources en eau du territoire des garrigues provenant des précipitations pourraient, par ailleurs, connaître une réduction de l’ordre de 5 à 10 % selon les scénarios. Les ressources en eau superficielle pourraient, alors, subir des réductions encore plus importantes (estimées à 40 à 50 % pour les étiages d’été) et ceci d’autant plus que l’élévation des températures moyennes due au réchauffement global pourrait entraîner un accroissement de l’évapotranspiration. Dans ces conditions non seulement les paysages végétaux, mais aussi la biodiversité aquatique, pourraient s’en trouver profondément modifiés.



Inondations de Nîmes


Le 3 octobre 1988, un orage très puissant, alimenté par une advection* d’air maritime humide, vint se bloquer sur le site de l’agglomération nîmoise et déversa durant environ 8 heures de 300 à 400 mm de pluie. Sous ces précipitations, les ruisseaux, appelés “cadereaux”, drainant le bassin versant nîmois, et incorporés dans son système d’assainissement avec le développement de la ville, réapparurent en surface, inondant l’agglomération et la plaine du Vistre, réceptacle des écoulements. Le sinistre entraîna la mort de 9 personnes et de l’ordre de 500 millions d’euros de dommages. Passée la stupeur engendrée par l’événement, l’analyse des archives disponibles mit en évidence que la ville avait connu de multiples inondations dans le passé dont celle du 9 septembre 1557 à la suite de laquelle les habitants avaient, un temps, envisagé de quitter le site ! À ce propos, il convient de noter que deux ans auparavant l’astrologue Nostradamus, dans l’un de ses quatrains des Centuries Astrologiques, publiées en 1555, avait “prédit” que Nîmes serait engloutie par les eaux... La crainte des Nîmois ne devait pas être étrangère à cette “prophétie”. La spécificité géologique de l’agglomération nîmoise, caractérisée par des roches carbonatées et karstifiées visibles sur les hauteurs, peut égale- ment être mise en cause dans cette catastrophe, le karst * étant le lieu de circulations rapides et de transferts de pression qui sont à l’origine d’une contribution extrêmement rapide du karst souterrain aux crues des cours d’eau.






La gestion du risque inondation


Périodiquement, le territoire des garrigues est frappé par des épisodes de précipitations cévenoles couvrant parfois de vastes superficies, comme en septembre 2002 par exemple. Ces épisodes mettent en évidence la vulnérabilité au risque d’inondation de certaines extensions urbaines ou agricoles, généralement récentes. Pour faire face à ce risque, se développe, depuis une dizaine d’années, une approche intégrée combinant prévention, anticipation et retour d’expérience. Cette approche associe l’élaboration de plans communaux de sauvegarde (PCS) (prévention), une aide à la décision en temps réel, pendant les événements pluvieux, pour la mise en œuvre de ces plans (anticipation), et leur amélioration continue après les événements subis (retour d’expérience). C’est par exemple le Système ESPADA de la ville de Nîmes. L’interprétation en temps réel des données climatiques fournies par l’imagerie satellitaire et radar (Météo France) et le suivi des hauteurs et débits des cours d’eau permet d’anticiper la venue des inondations, avec un délai suffisant, et de mettre en œuvre les mesures de sauvegarde des personnes et des biens. Aujourd’hui, diverses sociétés, en relation avec Météo France, proposent un service global aux collectivités.





Cartes et illustrations

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Eaux superficielles
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Valeurs médianes des débits max de quelques fleuves du territoire
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Débits exceptionnels de petits bassins versants des garrigues

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Le Vidourle à Lecques
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Vidourle en crue à Villetelle
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Le Pont St Nicolas, avril 2012, Gorges du Gardon









































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