Le paradoxe du feu



Auteur : Benoît Garrone, Manuel Ibanez
Date : novembre 2013

Le seul animal à avoir su maîtriser le feu est l’Homme. Cet exploit lui a conféré sa supériorité sur tous les autres en l’autorisant à vivre sous tous les climats jusqu’aux plus froids, en lui permettant de tenir à distance les prédateurs les plus redoutables et en lui ouvrant sur les forêts les espaces nécessaires à son agriculture. Sans compter la cuisson des aliments qui, en multipliant les ressources alimentaires et en accélérant la digestion, libère l’Homme du souci exclusif d’avoir à se nourrir et lui offre le temps de la réflexion.
Le mythe de Prométhée dérobant le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes illustre bien le caractère, à la fois surnaturel et frauduleux, qu’ils reconnaissent au phénomène. Maîtriser n’est cependant pas synonyme d’apprivoiser. Le feu reste fondamentalement sauvage. De la foudre au mégot, toutes les occasions de s’émanciper lui sont bonnes et, si l’on n’y a pas pris garde, ce sont alors des centaines d’hectares de forêts qu’il dévore impunément jusqu’à ce que le vent l’abandonne.
À la fois outil nécessaire pour entretenir les parcours et catastrophe quand il échappe au contrôle, le feu nourrit les mythes et enflamme les débats. On recherche l’inévitable coupable, et pourtant, quand on parvient à garder la tête froide, le pyromane s’efface devant monsieur tout le monde, le criminel devant l’imprudent ou le négligent, la foudre restant le parent pauvre des responsables, sinon en surface brûlée, du moins en occurrence.

Quelles sont les causes des incendies, comment peut-on analyser les données statistiques, comment s’organise la gestion du risque, quels sont les effets réels sur les milieux naturels, quels ont été et quels sont aujourd’hui les usages du feu au service des activités de l’Homme ? L’ensemble de ces questions amène à s’interroger sur la place du feu dans nos régions et sur notre capacité à vivre avec cet élément indissociable de l’histoire et de la particularité des garrigues.



Commentaire sur la carte des risques

La carte ci-contre superpose une évaluation du risque incendie avec une analyse spatiale des feux qui ont eu lieu sur le territoire entre 1973 et 2010.
Le risque est ici calculé en croisant la probabilité d’occurrence d’un feu (qu’on appelle l’aléa) avec l’occupation du bâti. Le risque incendie mesure donc
ici le niveau de dangerosité d’un feu par rapport à l’occupation humaine. Ainsi, sur des zones périurbaines où la végétation est très inflammable, où il y a beaucoup de combustibles, une sensibilité accrue par la topographie, le vent, etc., et où l’habitat est dispersé rendant l’intervention des secours plus difficile, le risque incendie est très important. C’est le cas par exemple des garrigues habitées du nord de Nîmes ou Montpellier où l’étalement urbain se combine au développement naturel de la pinède de Pin d’Alep.
En parallèle, l’analyse des incendies ayant eu lieu entre 1973 et 2010 fait apparaître certaines zones particulières. Dans les garrigues nîmoises, sur le massif des gorges du Gardon, autour de la Vaunage, de nombreux incendies couvrant de grandes surfaces ont eu lieu principalement avant les années 1990. Les grands incendies plus récents se sont situés sur le Causse d’Aumelas, dans les garrigues nord-montpelliéraines, dans les garrigues de Lussan et dans une moindre mesure sur le massif de la Gardiole et à l’est de Nîmes (Marguerittes-Cabrières). Dans la zone proche du Pont du Gard, de nombreux petits feux d’origine essentiellement agricole à la fin des années 1970 ont quasiment disparu aujourd’hui. Au contraire, à l’ouest de Montpellier (secteur de Juvignac), on observe une augmentation récente du nombre de départs de feu liés surtout à des imprudences dans un secteur de plus en plus urbanisé.




Cartes et illustrations

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Risque incendie

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Feu - août 2010





































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