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Convergence entre différentes pratiques du feu : le réseau brûlage dirigé



Auteur : Éric Rigolot
Date : novembre 2013

Dans beaucoup de départements, une part importante d'incendies hivernaux liés à des "écobuages" mal maîtrisés a été à l'origine de l'introduction du brûlage dirigé. Cette réflexion partagée a finalement permis de faire se rencontrer deux mondes, deux pratiques du feu : la pratique traditionnelle des professionnels de l'agriculture et de l'élevage et la pratique institutionnelle de prévention des incendies. Après une dizaine d'années de recherches et d'expérimentations, les mises en pratique du brûlage dirigé ont démarré véritablement dans les années 1990.
Aujourd'hui, le réseau regroupe une trentaine d'équipes spécialisées en France. Les cellules techniques du Gard et de l'Hérault regroupent à la fois des institutions (Pompiers, Sapeurs-forestiers, Direction Départementale des Territoires et de la Mer, Conseil Général, Office National des Forêts, Parc National des Cévennes) et des représentants professionnels (Chambre d'agriculture, Services pastoraux, propriétaires forestiers...). Dans le Gard, les interventions ont essentiellement lieu dans la partie cévenole alors que dans l'Hérault de nombreux brûlages dirigés sont effectués dans la zone des garrigues.
Les brûlages dirigés ont d'abord démarré dans le cadre de la Défense des Forêts Contre les Incendies (DFCI). Moyen de prévention, cette technique est alors utilisée pour réduire la masse combustible en complément des moyens habituels (broyage mécanique, pâturage contrôlé) sur les "coupures de combustible" au sein ou en lisière de massifs forestiers. La Loi d'Orientation Forestière de 2001 limite d'ailleurs exclusivement le brûlage dirigé aux travaux de prévention prévus dans le cadre des plans de DFCI. Par extension, le brûlage dirigé peut être employé même s'il a une vocation pastorale forte lorsqu'il permet de limiter les causes accidentelles d'incendie.
Mais peu à peu, le dialogue entre les professionnels de l'agriculture et de l'élevage et les opérateurs de brûlage dirigé permet de mieux faire reconnaître la place du feu comme outil de gestion des ressources et des espaces pastoraux. Afin de lutter contre les pertes de savoir-faire traditionnels empiriques, des écoles du feu ont été montées. Ainsi des éleveurs bénéficiaires peuvent, suite à un accompagnement technique, devenir autonomes avec une maîtrise des pratiques mises à jour, et les cellules spécialisées peuvent se concentrer sur les chantiers pastoraux les plus difficiles et sur la défense des forêts au sens strict.
Cette évolution a été reconnue réglementairement lors de la dernière modification du code forestier en 2012, qui inclut le brûlage dirigé dans les autres mesures de prévention, qui comprennent les travaux pastoraux, les réservant aux espaces forestiers et à leur voisinage immédiat, et l'étendant même à l'ensemble du territoire national.
L'usage du brûlage dirigé répond donc aujourd'hui à plusieurs objectifs :
- gestion du combustible ;
- gestion de la ressource pastorale ;
- gestion du patrimoine naturel et cynégétique.
S'il est aujourd'hui avéré que le feu a une place dans la gestion des écosystèmes * méditerranéens, et qu’on ne peut se permettre de le laisser divaguer, la seule façon de lui faire remplir son rôle est de le diriger. Les techniques s'étant affinées, la gestion de la garrigue par le feu est aujourd'hui devenue une option réaliste.

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