Quand le feu devient incendie



Auteur : Martial Acquarone
Date : novembre 2013

Le feu dans nos régions méditerranéennes est avant tout assimilé par le grand public aux terribles incendies ravageurs qui font chaque été la une des journaux. Mais comment le feu devient-il une catastrophe ?

Les étés sont chauds, la végétation en détresse hydrique est très sèche et le vent pousse des pointes. Les vacances sont là, estivants et habitants profitent du plein air quand la chaleur diminue en fin de journée. Le barbecue, au sarment ou au charbon, donne des relents typés de l'été. Le feu guette, il n'a pas besoin de grand-chose pour s'échapper. Petit feu deviendra grand, la fête tourne au cauchemar. Évidemment rares sont les feux issus d'un barbecue, mais cette image reflète l'opposition entre le feu de joie et le ressenti de la catastrophe d'un incendie.
Le feu s'échappe, il n'obéit plus, il grandit, la guerre est déclarée, les soldats du feu sont mobilisés. La peur gagne le cœur des hommes, ou plutôt une angoisse, ils se rassemblent pour regarder, commenter et affirmer. L'un des problèmes d'accès des pompiers au sinistre est bien souvent l'encombrement dû aux voitures mal garées des badauds. La gestion de la crise échappe au quidam. Pourquoi les secours ne sont-ils pas là ? Ils sont justement monopolisés pour défendre des maisons trop proches des bois. Pourquoi ne sont-ils pas devant le feu ? Une pinède incendiée sur un kilomètre de large de- vient ce que les spécialistes appellent une tempête de feu. L'énergie thermique est phénoménale et projette des morceaux de bois enflammés dits sautes de feu. Le feu avance, bondit, explose, a faim de bois à avaler.
Le public est impuissant mais admiratif devant les prouesses des pilotes de Canadair. Que faire ? Justement, là un foyer vient de se déclarer. Je l'ai vu ! Un pompier expliquera qu'un brandon ou un renard en flamme (1) est passé par là. L'avion est arrivé et ses tonnes d'eau éteignent ce petit foyer.
La peur du feu, cet élément qu'on ne peut pas saisir avec la main mais qui la brûle, exacerbe les réactions qui malheureusement sont souvent “réactionnaires” avec la désignation arbitraire d'un coupable. L'évacuation de maisons, de villages, justifiée pour la sécurité des personnes donne un
sentiment proche de celui d'une guerre. Le pompier mène un combat dangereux qui demande de la maîtrise et de l’expérience. Pour le “spectateur”, le danger
est faible mais il enrage. De quoi ? L'incendie en pleine campagne a surtout un impact paysager. L’œil va devoir s’habituer à un paysage morne et noir. Mais les garrigues n'ont-elles pas été forgées par le passage du feu ?

(1). Le Renard enflammé semble être une observation contestable d’après nos auteurs.





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