Témoignage sur un grand incendie : l'incendie de Fontanès (Hérault) le 30 août 2010




Auteur : Martial Acquarone
Date : novembre 2013

Le territoire concerné est situé à l'est du Pic Saint-Loup, et au nord de Montpellier, à environ 20 km de la ville. C'est une zone de garrigues avec des alternances de boisements, cultures, parcours et des villages ruraux à faible population. Le relief est vallonné, dominé par la Suque, qui borde un étroit passage, et de l'autre côté s'appuie sur le Puech des Mourgues, caractérisé par une forme arrondie et des falaises peu élevées.

Un feu avait déjà ravagé presque la même surface (1835 ha) en 1989 à partir de Saint-Bauzille-de-Montmel. Les similitudes sont d'ailleurs nombreuses. Les deux incendies se sont déroulés en été, en juillet 1989 et en août 2010. Les conditions climatiques étaient semblables : une sécheresse extrême et un vent fort. Ils ont tous deux démarré dans des bois de Pins d'Alep. À noter qu'un incendie de moyenne importance a également eu lieu le 19 août 2003 au même point de départ que celui de 2010.

En cette fin août 2010, le dispositif de mobilisation préventive du SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours) était placé en niveau 2 “aggravé” avant même le début de ces incendies. En effet la sécheresse était très marquée et les prévisions météo prévoyaient de la Tramontane et du Mistral. Les données techniques du jour ont révélé des températures de 30 à 35° mais surtout une humidité quasi nulle de l'ordre de moins de 10%. La probabilité d'ignition* est montée à 90%. Les autorités ont donc déclenché la mise en place préventive d'un grand dispositif de lutte. Onze départs de feu ont précédé l’incendie généralisé. Les moyens de mobilisation des pompiers ont été limités au début, car deux autres incendies, dont un qui menaçait des zones très urbanisées, monopolisaient une grande partie des services de lutte contre le feu.
C'est à 15h58 que le feu a été détecté depuis la tour de surveillance de la Suque. Il a débuté dans un terrain de boisement dense de Pin d'Alep. Le vent du nord de 30 km/h, avec des rafales de 80 km/h, a poussé rapidement le front vers le sud avec un élargissement lié au relief en cuvette. Deux pistes de DFCI (Défense des Forêts Contre les Incendies) bordées de flammes n'ont pas permis l'accès aux pompiers. Le feu a progressé très rapidement avant de s'engouffrer dans le goulet au pied du Puech des Mourgues. La Suque par son axe nord-sud et son peuplement de Chênes verts a canalisé le feu sur son flanc est. C'est à ce moment que l'incendie a rejoint la zone de celui de 1989. En fin d'après-midi, un changement d'orientation du vent provoque un débordement de la Suque par l'ouest, dans une zone de pins, qui sera éteint avant la tombée de la nuit. Puis l'incendie gagne rapidement les abords des villages par les combes de Guzargues et Assas. Il grignote le Puech des Mourgues au-dessus de Saint-Bauzille-de-Montmel, provoquant l'évacuation d'une partie des habitants. Le LIEN, grande route de contournement nord de l'agglomération de Montpellier, n'a pas fonctionné comme coupe-feu, malgré la largeur de son emprise. Les travaux d'aménagement, coupures vertes, parcours, vignes et cultures n'ont guère eu d'effet de coupure. Le vent a provoqué de nombreuses sautes de feu en cime. Les brandons* aspirés par les vents thermiques et transportés par le vent fort, avec une inclinaison des fumées à 40°, ont volé sur plusieurs centaines de mètres en avant du front. Les moyens de lutte ont été aussi monopolisés pour la protection des habitations. Ce n'est qu'au lever du jour et à l'arrivée des moyens aériens de la quasi-totalité de la flotte nationale renforcée par nos voisins européens, que le feu a pu être maîtrisé et éteint. Le 30 août, 600 pompiers et 100 engins de secours ont été engagés. Dans la nuit et jusqu'à l’extinction du foyer, c'est 1 000 pompiers dont 500 non héraultais et 200 engins qui ont combattu le feu. Les spécialistes admettent que l'on a atteint la limite des possibilités de lutte.

Le feu a donc parcouru sensiblement la même surface qu'en 1989 plus la zone nord du démarrage soit 2 544 ha. Entre les deux incendies, la végétation avait repoussé principalement en Pins d'Alep (55% de la surface brûlée) plus des plantations denses de Pins pignon (toutes détruites) et fin août les herbes non pâturées étaient très sèches comme toute la végétation.

Suite au feu, un premier travail de “nettoyage”, a consisté à couper une partie des pins brûlés pour en faire des plaquettes. En même temps, une étude commanditée par la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup tire un premier bilan. Il en ressort que l'évolution va vers un accroissement du “risque incendie” des zones de contact forêt-habitations vu l’extension des constructions et un reboisement naturel à majorité de Pins d'Alep. Pour limiter les risques, les solutions proposées sont à la fois sociales et économiques, en développant les activités agricoles (pastoralisme, vignes, etc.) et culturelles ou de loisirs (sentiers d'interprétation, tourisme, chasse, etc.) mais aussi structurelles avec la mise en place d’une coupure verte perpendiculaire à l'axe du vent dominant (nord). Dans cette étude les coûts estimés s'élèvent à 1 274 000 € pour la réhabilitation et 805 000 € pour la prévention (développement d'activités agricoles, aménagements culturels...). À cela s'ajoute une sensibilisation du public.




Cartes et illustrations

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Après l'incendie





































































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