Cervidés et sangliers reviennent sur le territoire des garrigues...



Auteur : Jean-Louis Martin et Simon Chollet
Date : novembre 2013

Depuis la seconde moitié du XX e siècle les grands ongulés sauvages (Cervidés, Sangliers, Chamois, Bouquetins) sont en forte expansion en France, en plaine comme en montagne. Cette forte dynamique résulte de la combinaison de modifications de la gestion de la chasse, de l’évolution des paysages et de changements dans les pratiques agricoles.
Dans les garrigues, le Sanglier, réapparu au début du XX e siècle, s’est peu à peu imposé. Il est aujourd’hui abondant et omniprésent, jusqu’à faire des incursions en zones urbanisées. Si les traces qu’il laissait découvrir au promeneur étaient encore occasionnelles dans les années 1970, elles l’accompagnent aujourd’hui où qu’il aille.
Cette évolution résulte de la conjonction d’une importante déprise pastorale et humaine et de la forte reprise de la végétation ligneuse qui en a résulté. Le Sanglier trouve aujourd’hui en abondance gîte et couvert là, où il y a peu, le berger, le charbonnier et le cultivateur occupaient le territoire.
Les dynamiques naturelles des populations de Sanglier ont été renforcées par des lâchers d’individus pour la chasse, particulièrement dans les années 1980. Ces individus, souvent issus de croisement avec des porcs domestiques, ont semble-t-il augmenté le potentiel reproductif de l’espèce.
L’arrivée du Chevreuil sur le territoire des garrigues fut plus tardive et plus progressive. Elle a bénéficié d’opérations de lâchers par les associations de chasse. Sa présence reste discrète, même si des individus ont été observés aux portes de Montpellier.
La forte dynamique des populations de cervidés dans de nombreuses régions d’Europe et d’Amérique du Nord a encouragé des recherches sur les conséquences de cette démographie sur les écosystèmes * qui les abritent. Elles ont identifié des effets en cascades en cas d’abondances inhabituellement fortes se prolongeant dans le temps : simplification et appauvrissement de la végétation du sous-bois ; appauvrissement des faunes qui en dépendent (insectes, oiseaux).
Bien que les travaux sur l’impact de grandes populations de Sangliers soient rares, nos connaissances sur la biologie de l’espèce, son régime omnivore et sa capacité à modifier la structure du sol, laissent supposer des modifications importantes de la structure des milieux et des communautés qu’ils abritent. Ces espèces peuvent être affectées directement (consommation de végétaux, d’invertébrés, de pontes ou de poussins d’oiseaux, piétinement)
ou indirectement du fait des modifications apportées à la structure et à la dynamique des milieux.
La forte augmentation des effectifs d’ongulés sauvages a également des conséquences sur les populations humaines avec lesquelles ils partagent le territoire. Cervidés et Sangliers sont une ressource pour ceux qui les apprécient sur leur table, un problème pour ceux qui les croisent de trop près en voiture ou pour les victimes de maladies qu’ils contribuent à propager. Enfin, leur impact sur les cultures ou sur la régénération des arbres, peuvent occasionner de fortes pertes économiques.
Cette évolution des populations de grands ongulés, malgré des effets négatifs possibles sur le reste de la biodiversité ou sur les activités humaines, n’en est pas moins un succès majeur dans la conservation de notre grande faune qui était proche de la disparition il y moins d’un siècle. Un tel succès pose toutefois un défi, celui de restaurer des mécanismes de régulation de ces populations. Cette régulation était naturellement assurée par les prédateurs (Loup, Lynx). Si la chasse a pu jouer ce rôle, cela ne semble plus être le cas dans un contexte de diminution progressive du nombre de chasseurs. Se pose donc la question du bénéfice du retour des grands prédateurs et du poids de ces bénéfices par rapport aux coûts qu’ils occasionnent et la crainte qu’ils génèrent.

Ci-dessous : évolution des prélévements de sangliers sur 103 communes du territoire des garrigues
Il ne s'agit pas de l'évolution de la population mais de celle du nombre de bêtes tuées sur une année. Entre 1990 et 2011 ce chiffre a été multiplié par 6. En 2011, sur la seule commune de Lussan, 248 sangliers ont été abattus.

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Cartes et illustrations

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Sanglier

























































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