Les falaises des garrigues, faune et flore accrochées à un désert de pierre



Auteur : Arnaud Martin
Date : novembre 2013

Pour la faune et la flore, les milieux rocheux et les falaises ont des particularités qui font penser aux milieux semi-arides ou désertiques ponctués çà et là d’oasis. En effet, la roche brute ne permet pas l’installation des plantes ailleurs que dans les anfractuosités dont la taille et l'allure ne permettent en rien de présager de ce qu’il y a en profondeur et qui va déterminer les possibilités par les végétaux de germer et se développer. Une petite anfractuosité peut cacher une poche de grande taille à l’intérieur de laquelle se sont accumulées des matières minérales fines permettant à l’eau d’être bien stockée. On peut voir dans certaines falaises se développer des arbres “miniatures”. Certains de ces arbres peuvent atteindre 2 ou 3 mètres, même en exposition sud.
Pour coloniser ces anfractuosités : le premier végétal installé prend la place, ses racines colonisent l’espace, et empêche les autres végétaux de s’implanter. Quand la plante meurt de vieillesse ou de sécheresse (les conditions sont dures en particulier pendant les été secs), la place se libère pour un
autre colonisateur. Les graines des plantes des falaises sont transportées par le vent, ou le plus souvent viennent tout simplement du sommet de la falaise, surtout lorsqu’une forêt est installée sur le replat. Lorsque des arbres ou des arbustes sont installés sur la falaise, les oiseaux jouent à leur tour le rôle de disséminateur de graines, en se perchant sur les branches et en rejetant dans leurs excréments les graines des fruits avalés.
L’oeil du botaniste ne manque pas de s’attarder sur le sommet et sur le pied des falaises, deux zones souvent d’une très grande richesse floristique encadrant un espace minéral quasidésertique et ponctué “d’oasis” dans lesquels arrivent à se nicher la plupart des espèces de la garrigue (Thym, Romarin, Badasse, mais aussi, genévriers, chênes vert, arbousiers...). Il n’y a finalement que très peu d’espèces spécifiques des falaises, simplement des espèces que l’on peut voir plus fréquemment qu’ailleurs, comme par exemple la très belle Saponaire de Montpellier. Le rebord de la falaise est, quant à lui, souvent très riche en espèces, l’effet de lisière favorisant la diversité des espèces de plantes.
La faune des falaises correspond à la faune des milieux les plus chauds et secs de nos garrigues. Cependant, le milieu fracturé en fait des zones propices aux insectes et aux reptiles et, en fonction des expositions, à certains batraciens. Les falaises forment une sorte de refuge pour ces espèces dont un grand nombre sont menacées par les activités humaines. Les falaises attirent également les oiseaux et en particulier les rapaces qui peuvent nicher dans les grosses anfractuosités ou se percher sur les arbres des falaises. Les oiseaux insectivores sont également très présents dans ces milieux et certaines espèces en font leur lieu d’hivernage. C’est le cas, par exemple, du Tichodrome échelette ou de l’Accenteur alpin que l’on peut voir facilement en hiver dans les falaises de l’Hortus ou du Ravin des Arcs, près de Montpellier.
Les falaises sont naturelles (Hortus, gorges du Gardon ou de l’Hérault...) mais parfois aussi d’origine anthropique (comme celles taillées aux bords des routes ou des anciennes voies de chemin de fer qui sillonnent la région). Ce qui les différencie c’est la fréquence et la taille des anfractuosités. Les falaises artificielles, créées par les explosifs lors des percements, semblent plus homogènes que les falaises naturelles. Cependant, la colonisation de ces deux types de falaises obéit aux mêmes processus et on peut donc y voir les mêmes espèces. La différence est liée à l’âge. Les jeunes falaises artificielles sont faiblement colonisées même si elles sont parfois ensemencées avec des espèces saxicoles * comme le Centranthe rouge que l’on peut voir sur le LIEN qui contourne Montpellier au nord. La végétation des vieilles falaises artificielles (plus de 100 ou 150 ans) finit par ressembler à celle des falaises naturelles. On peut les apercevoir sur les tronçons des anciens chemins de fer, comme par exemple celui qui allait de Montpellier à Aniane.




Cartes et illustrations

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Saponaire de Montpellier






























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