VERS UNE VALORISATION RENTABLE ET DURABLE DE NOS GARRIGUES


Réflexions personnelles d’Arnaud GUERY, pouvant servir de point de départ aux futurs débats lors de la recherche de pistes pour une future revalorisation économique de nos garrigues.

Imaginez un système agro sylvo pastoral mediterranéen où les interactions favorables entre les productions sont privilégiées pour augmenter les rendements de chaque production.

Dans ce système, il faut chercher pour une même superficie, à augmenter les différentes ressources exploitables. Dans une agro forêt, une culture a un rendement inférieur à une monoculture, mais si l’on considère toutes les productions le système agro-forestier a une productivité de biomasse supérieure pour une superficie identique. Pour 1 ha, une agro-forêt a un rendement supérieur à une monoculture si l’on compte toutes les productions. Et ce rendement du système est plus important encore si l’on augmente les productions et que l’on favorise les interactions positives.
Un système agro sylvo pastoral pourra donc générer plus de valeur marchande qu’une monoculture.

Les différentes productions envisageables sont : le bois, les PAM (Plantes Aromatiques et Médicinales), le pastoralisme, la chasse, les champignons, le miel, les fruits, les légumes sauvages(salades…).

L’autoécologie des différentes espèces est respectée. En effet, une espèce bien adaptée à une station (substrat, conditions climatiques…) a un rendement pouvant être supérieur à certaines cultures en plein champ de cette même espèce. Par exemple, certaines parcelles de thym sauvage semblent plus productives qu’un champ de thym cultivé et aussi beaucoup moins sensibles aux ravageurs.

Un objectif de la gestion de ce système agro sylvo pastoral est de repérer les stations présentant les plus grandes potentialités, les géo localiser, évaluer les rendements, trouver les moyens de récoltes qui préservent la ressource et même permettent une meilleure repousse.
Le thym par exemple, s’il est coupé à une certaine époque et si les rameaux sont coupés à une certaine longueur, a une repousse supérieure et donc une productivité supérieure les années suivantes.

L'espace à exploiter est subdivisé en une mosaïque de parcelles qui peuvent être forestières, buissonnantes, ou de prairies, tous les étages intermédiaires entre la strate arborée et la strate herbacée pouvant exister. La biodiversité est ainsi mieux conservée.

A chaque strate correspond une communauté écologique.
Un inventaire de la formation végétale de chaque parcelle doit être réalisé avec un référencement des plantes pouvant avoir un intérêt économique, une évaluation des quantités exploitables et des actions à mener pour améliorer leur productivité, en perturbant le moins possible la biodiversité associée ou même en essayant de la favoriser.
Les prélèvements doivent être réalisés en fonction des demandes des clients ou des besoins et ne pas dépasser les potentialités du milieu.

Un gros travail doit être réalisé pour identifier les plantes ayant réellement un intérêt économique.

Le système agro sylvo pastoral doit aussi tenir compte des successions végétales avec une valorisation d’un maximum de plantes faisant partie du cortège végétal, menant à la forêt méditerranéenne.
Une fois l’optimum de végétation pour une parcelle atteint, la parcelle est exploitée soit entièrement soit en partie, pour passer au stade de végétation suivant ou repartir au début de la succession végétale.
Un étagement des âges des peuplements doit être envisagé. Il permet un renouvellement de la ressource en bois pour les générations futures.
Cette hétérogénéité des peuplements entretient l’aspect mosaïque du paysage, limite l’uniformité paysagère et favorise la biodiversité.

Le bétail (ovins, caprins, bovins, equins) entretient les espaces, limite les travaux de conversion entre chaque strate végétale.

Il faut utiliser les troupeaux pour ouvrir le milieu ou le maintenir ouvert Et choisir l'espèce pastorale en fonction des formations végétales à favoriser et des espèces végétales valorisables et commercialisables.
En effet, chaque espèce pastorale a une influence différente sur les formations végétales où elle évolue, par son broutage ou son pietinement, chaque animal ayant sa prédilection d’espèces végétales à brouter.

Des recherches bibliographiques doivent être réalisées pour identifier les pratiques pastorales favorisant telles ou telle association végétale.

Il faut réaliser un diagnostic pastoral qui évalue les potentialités fourragères.
Le but est d’adapter les pratiques pastorales aux potentialités du milieu pour éviter toute surexploitation.

Un historique des actions est consigné, pour affiner les actions ultérieures et identifier les pratiques les plus adaptées à la parcelle ou les erreurs commises à ne pas réitérer.

Le pastoralisme doit permettre de limiter la main d’ouvre très coûteuse.

Le coût de la main-d’œuvre étant très élevée, le recours à celle-ci doit être bien adaptée et utilisée avec parcimonie. La main d’œuvre doit être surtout dévolue à la récolte des ressources (cueillette, coupe du bois…).

Cette main d’œuvre doit être locale de façon à développer l’économie régionale. Et permettre de fournir des emplois aux communes du nord des grandes villes de notre région où l’emploi est moins fréquent et ainsi peut être infléchir les flux journaliers de salariés entre le nord (garrigues) et le sud (villes).

Toute pratique culturale ou une activité doit permettre de réduire la main d'œuvre d'une autre production.
Il faut donc favoriser les interactions bénéfiques entre les différentes espèces (animales et végétales) présentes sur les parcelles.

Un aspect en mosaïque est bénéfique, il permet une meilleure conservation de la biodiversité et limite les attaques de ravageurs.

Pour éviter les conflits d’usage et favoriser les interactions bénéfiques entre les différentes productions et les pratiques culturales ou pastorales, il faut favoriser les relations gagnantes entre les différents usagers et exploitants de la garrigue.

Et même des personnes ayant des loisirs antagonistes et des convictions pouvant sembler opposées peuvent travailler ensemble pour préserver cette qualité de vie par l’établissement de chartes de bon usage.
Les chasseurs, les pêcheurs les randonneurs, les cueilleurs ont en fait plus d’intérêts communs que de divergences. Il faut partager l’espace et le temps et favoriser les liens.

Il apparaît important de valoriser au maximum les déchets et que ces déchets deviennent à leur tour des ressources.
La biomasse non utilisée sert d’énergie (biogaz), d’engrais.

Il faut explorer toutes les opportunités de la chimie verte.

L’objectif étant d’avoir une empreinte écologique la plus faible et éviter toute pollution.
Le fait de valoriser tous les déchets permet de diminuer les coûts à condition que les investissements ne soient pas trop lourds au moins au départ.

Notre région présente toutes les compétences en termes d’universités, de centres de recherche aussi bien en agronomie, chimie, sylviculture, sciences humaines, pastoralisme, économie, pharmacie, médecine, droit.

De plus, nos entreprises régionales sont innovantes dans le domaine de la cosmétologie, la pharmacie, la médecine, la parfumerie, la restauration, l’extraction des principes actifs, le façonnage.

Nos institutions locales, départementales, régionales ont des compétences dans la préservation des espaces, de la biodiversité et la limitation des différents risques (feu, inondation, pollution…).
Elles jouent un rôle important dans le développement économique elles stimulent l’innovation, l’entrepreneuriat (cap alpha, oméga, Alter incub, réseau ESS…) et désirent promouvoir nos produits locaux (marque Sud de France).

Le tissu associatif est aussi très actif et les adhérents ont des attitudes responsables et leurs membres sont prêts à s’investir bénévolement dans la sauvegarde de notre patrimoine historique, naturel et la préservation des conditions de vie dans notre région méditerranéenne.

Des passerelles, des coopérations entre la recherche, les entreprises, les institutions et les associations doivent être développées.

Une vente directe des produits doit se faire elle aussi le plus localement possible. Le nombre d’habitants permanents et celui des touristes offre des opportunités économiques importantes.
Les marges sont plus conséquentes si les matières premières issues de la garrigue sont valorisées dans des produits finis.
Une gamme « Garrigues » pourrait être crée avec des produits cosmétologiques, des compléments alimentaires, des aliments et plus peut être.
Le médicinal proprement dit est plus délicat puisque des AMM sont nécessaires pour vendre des plantes ayant des propriétés médicinales. Et les obtenir coûte très cher.

La concurrence étant féroce dans ces domaines, il faut s’appuyer sur la traçabilité, le naturel des produits, l’utilisation traditionnelle et historique de ces produits.
S’appuyer sur le fait que tout est fabriqué localement en utilisant une matière première elle aussi locale.
Mais aussi expliquer que les matières premières sont sauvages donc bio, que les méthodes de récoltes et les interventions sont orientées pour favoriser la biodiversité et les revenus vont servir à entretenir les espaces de garrigues qu’ils connaissent et qu’ils utilisent lors de leurs loisirs.

Montrer que leur achat est utile. Les écarts de prix pourront être en partie justifiés. Ces écarts ne doivent pas non plus être prohibitifs sinon les produits ne seront pas vendus.
L’objectif est de créer une entreprise ou un écosystème d’entreprises économiquement viables où celles-ci forment un réseau où chacune travaille dans l’intérêt des autres et de la sauvegarde de l’environnement et de nos garrigues.
Mais ces entreprises doivent être des entreprises solidaires et participatives et réellement vertes.
Les bénéfices doivent être répartis pour une part entre les personnes s’investissant dans la réalisation du projet, les salariés et dans les investissements en matériel et en recherche.
Ces investissements en matériel et en recherche doivent permettre de rendre le système le plus possible efficient de façon à réduire l’impact sur notre planète.
Des recherches continues doivent permettre de valoriser les coproduits.
Les économies d’énergie, d’eau, la recherche d’un bilan carbone favorable, la volonté de favoriser la biodiversité doivent être les piliers de ces entreprises.

Dans ce projet, il faudrait :
• Identifier les espèces ayant des potentialités économiques.
• Repérer les associations écologiques où elles se trouvent.
• Trouver les parcelles où les espèces sont présentes et où la production serait rentable.
• Déterminer les conditions du sol, de la roche mère, les conditions climatiques, la pente, l’écoulement de l'eau de ruissellement, la disponibilité en eau que les espèces exploitables préfèrent.
• Déterminer les interactions bénéfiques entre les différentes productions et favorisant la biodiversité présente.
• Savoir évaluer combien 1 ha de forêt ou de garrigue peut générer de profit si l’on ajoute toutes les ressources exploitables.
• Evaluer les coûts de gestion, d’entretien et d’exploitation de ce système agro sylvo pastoral.
• Comparer les bénéfices et les coûts et mesurer la faisabilité économique d’un tel système.
• Faire l’inventaire des entreprises aptes à mettre au point les produits cosmétologique, alimentaires..., les façonniers pouvant produire les produits finis.
• Réfléchir aux moyens de commercialisation des produits finis.
• Identifier les réseaux de commercialisation existants déjà et bien structurés.
• Réaliser des études marketing pour justifier de l’intérêt des futurs produits.
• Identifier les prescripteurs et les rencontrer.


Si vous avez des commentaires à faire, n’hésitez pas prendre contact avec Arnaud GUERY à l’adresse mèl suivante : guery.ar@gmail.com ; ou à utiliser l'outil à votre disposition en bas de la page.
Il n'y a pas de commentaire sur cette page. [Afficher commentaires/formulaire]