Les garrigues


Les garrigues, un paysage façonné par l’homme


Il y a 12 000 ans, après une succession d’époques glaciaires et interglaciaires, notre région va se trouver peu à peu sous l’influence d’un climat méditerranéen
(caractérisé par des étés chauds et secs, et un régime de précipitations irrégulières bien que parfois importantes), et se couvrir d’une forêt où prédomine le chêne
pubescent (chêne blanc).

Cinq millénaires plus tard (au début du Néolithique), l’homme commence à se sédentariser, développant l’agriculture et l’élevage au détriment de la forêt. Au cours des siècles, ces activités humaines vont favoriser l’extension de certaines espèces comme le buis, les chênes verts et kermès et autres arbustes méditerranéens, préfigurant ainsi les garrigues actuelles. Les paysages vont alors évoluer dans une histoire plus récente entre pelouses sèches, matorrals ou
forêts au gré de la pression plus ou moins prégnante de l’Homme, de ses troupeaux, des défrichements et des feux.

Suite à un abandon important des activités agro-sylvo-pastorales au cours du XXème siècle, ces garrigues délaissées, sont considérées par beaucoup comme des espaces pauvres, peu accueillants et sans intérêt. Le regard ne s’est inversé que récemment : les naturalistes, notamment, ont commencé à y voir un milieu particulièrement remarquable notamment par sa biodiversité. En effet, les végétaux devant survivre à la sécheresse estivale ont développé de multiples formes d’adaptation. Les roches calcaires affleurantes sur les collines et plateaux, les dépressions marneuses, les gorges creusées par les cours d’eau, offrent à de nombreuses espèces végétales et animales des niches écologiques diversifiées. L’action de l’homme qui au cours des siècles a maintenu, notamment par l’élevage, des espaces ouverts (végétation basse laissant passer une lumière abondante) a favorisé le développement d’une flore et d’une faune caractéristiques.

La superficie du territoire des garrigues ne représente que 0,6% de la surface de la France ; pourtant, y sont recensés près de 35% des espèces végétales et pratiquement 50% des espèces de mammifères, oiseaux nicheurs, reptiles, amphibiens, insectes. Le record est détenu par les chiroptères (chauves-souris) dont 70% des espèces de France métropolitaine ont été trouvées sur le territoire des garrigues gardoises et héraultaises.

Parler d’une garrigue au singulier est réducteur tant sont multiples les conditions locales de sols, de micro-climat, de topographie, d’histoire des activités humaines. Ainsi le Collectif des Garrigues défend, au contraire, l’emploi du pluriel pour décrire cette mosaïque de milieux et de paysages.

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L’homme toujours présent


Suivant les époques, l’homme a occupé ce territoire de façon plus ou moins intense, en raison des fluctuations de population dues principalement aux guerres, aux épidémies et aux intempéries. Les activités ont, de tout temps, été multiples en garrigues : chasser, cueillir diverses plantes, fruits, champignons, cultiver notamment la vigne et l’olivier, faire pâturer les troupeaux de brebis, exploiter le bois du chêne vert pour se chauffer, produire chaux, verre, huile de cade, ouvrir des carrières de pierre, extraire silex et minerais, etc... ; certaines ont disparu, d’autres perdurent encore aujourd’hui, de nouvelles apparaissent, comme les loisirs de pleine nature. De nombreux indices témoignent de cette exploitation des garrigues au cours des siècles. Les constructions en pierres sèches en sont un parfait exemple.
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