Les FORÊTS au 17e siècle.

Discussion sur ce chapitre
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La « Grande réformation générale des Eaux et Forêts » de 1661 et la « grande ordonnance sur le fait des Eaux et Forêts » de 1669 (Colbert).

Ces ordonnances instituent un véritable code forestier, et établissent les bases de cette nouvelle gestion des forêts (et ce jusqu'au code forestier de 1827).

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Source : J.L Roque et alii,2011,p.23.

  • La « réformation » en Languedoc : les débuts de la main-mise de l'Etat sur les forêts domaniales, ecclésiastiques et celles des Communautés.
Dès 1665 une commission de réformation est créée pour le Languedoc sous les ordres des intendants (Claude BAZIN de BEZONS puis Charles de TUBEUF), dirigée par le commissaire -réformateur Louis de FROIDOUR, assisté du procureur du Roi de Toulouse pour la « Réformation générale » (Julien de HERICOURT).
D'une manière générale les ordonnances visent à recenser les forêts et règlementer les coupes.
L'un des principes essentiel est que toute forêt doit « réserver » au moins 1/4 de sa superficie en futaie.
En forêt royale tout droit d'usage devrait être supprimé.

  • La règle du « 1/4 de Réserve » et la réglementation des coupes des taillis.
On conçoit alors comment ces ordonnances pouvaient heurter les divers intérêts .
Les procès verbaux de « visitation, d'arpentage, de bornage » (aux frais des Communautés) , de 1667 à 1673, de la maîtrise de Montpellier (du maître Etienne PORTALES) permettent de dégager un certain état des lieux.
D'une manière générale les bois étaient exploités en taillis, c'est à dire essentiellement pour le chauffage et les fours, et ceci de manière de plus en plus intensive, c'est à dire avec des rotations souvent inférieures à 15 ans. C'est le cas de l'important bois de Valène, appartenant à la commune de Montpellier (visité par FROIDOUR lui même).

Les futaies étaient rares : celle de Gramont, proche de Montpellier, avec des chênes-vert de plus de 30 ans, voire 40 ans, apparaissait comme une exception.
La règle du 1/4 en réserve était peu, voire pas, respectée.
Les habitants étaient habitués à venir couper du bois. Aussi une partie des coupes annuelles continuera de leur être affectée.
Les gentilshommes verriers seront autorisés, en forêts royales, à prélever du bois, mais moyennant une redevance.

  • La « Réformation » n'est encore que très minoritaire.
Par ailleurs la « Réformation » n'est que très partielle : bien des bois ne sont pas visités, soit qu'ils soient tellement dégradés, soit qu'ils ne soient pas signalés.
Très peu de bois ecclésiastiques sont « réformés ». Ainsi celui de Boutines (ou Goutines), appartenant à l'abbaye de Saint Guilhem-le-Désert, d'une contenance pourtant non négligeable de de 47,4 hectares (selon le compoix diocésain de Lodève de 1631) n'est pas inventorié.


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Le Bois de Boutines (ou Goutines) appartenant, en 1631, à l'abbaye de Gellone de Saint Gilhem le Désert.
Source : Inventaire Forestier National, cartographie dynamique.http://www.ifn.fr/carto/carto/afficherCarto/34//

De même nombre de forêts de Communautés.
Les forêts particulières ne sont pas concernées par l'ordonnance de 1669. On ne connait donc pas les surfaces des vastes forêts des familles nobles du nord Montpellier, des marquis de Ganges, de Londres, de Roquefeuil, de la marquise de la Fare...
(Roque et alii, 2011, p.27).

Les verreries : le foncier et l'exploitation du bois au 17e siècle : la poursuite des pratiques antérieures.

  • La grande consommation de bois pour les fours.
Les verreries sont grandes consommatrices de bois, donc d'espaces forestiers, indirectement et directement.

L'un des éléments nécessaires à la fabrication du verre est la chaux. Celle ci est obtenue par cuisson du calcaire
(Fabre, 1998, p.60). Il faut donc un ou plusieurs fours à chaux.
Pour la cuisson du verre lui même il faut trois fours : celui de travail, celui de refroidissement, celui de dilatation et de nivellement. Ces fours peut être distincts, ou, dans les verreries les plus modestes, 3 chambres superposées dans le même four
(Cristal, 2005, p.142). Mais il faut, dans tous les cas, trois feux.

  • Les contrats d'arrentement prévoient le prélèvement en bois et, éventuellement le sanctionnent.
L' arrentement de 1637, de la « verrière »du mas Crémat à Saint Maurice de Cazevieille (30), indique « avec usage du bois dit la grande Euzière en le laissant garni pour les nouveaux de 20 à 20 pans, coupés deux mois seulement en janvier et février, ...etc... (longs détails sur les coupes ) » (Archives Départementales du Gard, A.D.G, 2 E 166-297 citées par Gaidan, 1991, p.32-33). Faisant suite à un précédent contrat, on peut penser que le bois n'avait pas été « laissé garni ».

En cas de non respect des clauses des sanctions peuvent s'en suivre.
En 1654, un verrier (Louis du Cailar) doit payer des dommages pour la détérioration des bois de Vacquières (commune de St Just et Vacquières, proche d'Alès) qu'il louait au seigneur de Malérargues (= Vallérargues) »
(Gaidan, 1991, p.37).

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Les bois de Vacquières (commune de Saint Juste et Vacquières) détériorés en 1654 par un verrier.
Source : IGN Géoportail

  • Les contrats d'arrentement de verriers continuent d' inclure des « terres à faire fourrage ».
Le contrat de continuation d'arrentement de 1671 sur la verrerie de Méjanes (30) porte sur « la maison verrerie et terre à faire fourrage » (Archives Départementales du Gard, citées par Gaidan, 1991, p.33)

  • L'itinérance des verreries dans les forêts des garrigues du Gard et de l'Hérault du 17e siècle : les « baux à verrière » « à durée déterminée ».
Vu les grandes consommations de bois, les verreries étaient temporaires et itinérantes.

Le contrat de 1631 pour 6 ans pour la « verrière » de la métairie du mas Crémat à Saint Maurice de Cazevieille (30) « moyennant 350 livres par an , et, aussi 15 douzaines de verres mi-fins, mi-grossiers, 12 flacons et douze fioles de tout et à la façon et grandeur que plaira au dit seigneur baron, payable à volonté avec usage des bois du dit seigneur »
(Archives Départementales de l'Ardèche, citées par Gaidan, 1991, p.28).
L'arrentement suivant de 1637, pour la « verrière » du même mas est également fait pour 6 ans, moyennant, cette fois ci « 325 livres par an et 15 douzaines de verre...etc...
(Archives Départementales du Gard, citées par Gaidan, 1991, p.32-33).

Le contrat de 1665 à Saint Bauzille de Putois du «  lieu de Terris et combe de Carette » porte sur 4 ans ::(Archives Départementales du Gard, A.D.G, 2 E 16-307, citées par Gaidan, 1991, p.51)
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