5e PÉRIODE : 16e et 17e SIÈCLES, de 1450 - 1500 à 1680 (ou 1690)..

Discussion sur ce chapitre
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Une évolution démographique et économique cyclique :

Tout d'abord il faut « cadrer » cette longue période  de 2 siècles , voire 2 siècles 1/2 , marquée par deux phases de croissance et deux de crises.
Schématiquement, dans un premier temps qui sera détaillé par la suite, la période se présente comme suit :


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Les transformations de la propriété foncière sur l'ensemble de la période (entre 1450-1500 et 1680):


  • La reprise démographique, économique et de la rente foncière.
De 1450-1500 à 1680 (ou 1690) plusieurs facteurs modifient la « donne foncière ».
La reprise démographique, particulièrement vigoureuse en début de période au 16e siècle.
Les défrichements tant sur les terres « hermes » délaissées de l'ager, que par la reconquête agricole des anciennes terres des pentes et des reliefs de garrigues : environ 10 à 15 % de terres cultivables en plus.
L'essor économique qui accroît la demande en produits de la terre, de l'élevage et des bois, donnant ainsi plus de valeur au foncier.
Le décollage de la rente foncière au profit des fermiers, propriétaires-exploitants, et, dans une moindre mesure des propriétaires-rentiers.

  • La bi-polarisation foncière : grandes et petites propriétés.
Le nombre de propriétaires taillables (contribuables) s'accroît généralement par 3.
La moyenne propriété (laboureurs, ménagers), du fait des héritages et des divisions par lots, recule au profit d'une bipolarité foncière : le pullulement de la petite propriété, (un «océan de petites parcelles») et l'extension des grandes propriétés ( « des archipels isolés de grands domaines ») (Le Roy Ladurie, 1966, p.163).

En 1690 la moyenne propriété, de 20 à 110 sétérées (10 à 55 hectares) ne représente plus que 10 % des propriétaires et 25% du foncier. Elle s'est désintégrée, par essor démographique et partages successoraux au profit de la petite propriété (Le Roy Ladurie, 1966, p.25).

  • La « pulvérisation foncière ».
La petite propriété de 0 à 20 sétérées (0 à 10 hectares) a proliféré, surtout à partir de 1530 environ. Les micro-propriétaires se multiplient. Ils sont maintenant 40 % des propriétaires sur 40% du foncier. Certains ne possèdent qu'un « champ  al causse » « dont ils tirent 3 fois la semence...dans les bonnes années ». C'est l'essor d'un « océan de parcelles » et d'une plèbe cadastrale innombrable (Le Roy Ladurie, 1966, p.31).

  • L'accroissement des grands domaines (de 110 à 1000 sétérées = de 55 à 500 hectares).
Les grands domaines se sont accrus en superficie relative. Ils possèdent, en moyenne, 50 % du foncier des paroisses.

  • Ces nouveaux grands domaines sont souvent d'origine roturière.
C'est le cas, par exemple, des seigneurs de Bocaud à Jacou (34). En 1477, le fondateur de la lignée, procureur général de la cour des aides à Montpellier achète, à proximité de la ville, un domaine composé d'olivettes, vignes et quelques champs. Dans les années 1580 Pierre Bocaud épouse Françoise de la Croix, de la puissante famille de Castries. Elle lui apporte les seigneuries de Jacou, Teyran, Clapiers et les titres de noblesse. En 1744 les Bocaud possèdent près de 50 % des terres cultivables de la paroisse. En 1774, ils en possèdent 62,16 % et s'agissant des meilleures terres (Blanchemain, 2005, p.24 et 31).

  • Naissance d'une « bourgeoisie foncière rurale ».
Les propriétaires, souvent nouveaux, peuvent être des roturiers, des « coqs de village », de riches paysans ou marchands ruraux.
A Saint Guilhem le Désert les trois grands domaines relèvent de cette catégorie.
Un autre exemple est donné par la famille Jean, élargie « en biens communs », du hameau de Lancyre, à Valflaunès, près du Pic St loup et du causse de l'Hortus (au nord de Montpellier). En 1563 ils ont réussi à constituer un vaste domaine de 314 hectares composé de 50 hectares et 264 en pacages à moutons. En 1558 leurs revenus leur ont permis de construire une nouvelle bergerie, des granges à paille et des porcheries (Le Roy Ladurie, 1966, p.189).

  • Naissance de la propriété urbaine sur le foncier rural.
Les nouveaux propriétaires peuvent être des urbains, nobles, ou anoblis, ou bourgeois comme ceux du quartier St Firmin de Montpellier, décrite par les Platter, qui compte, en 1555-1565, 160 taillables (Le Roy Ladurie, 1966, p.174-175).

D’une manière générale, le 16e siècle, en particulier à partir du « surcroît démographique » de 1520, est le point de départ de la généralisation des grands domaines d'origine urbaine dans la région des garrigues (Dugrand, 1963, p.345).


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